Cannes | Satoshi Kon par Pascal-Alex Vincent

Cannes | Satoshi Kon par Pascal-Alex Vincent

(c) Laurent Koffel

Dans le cadre de la prestigieuse programmation Cannes Classics, le public cannois a pu découvrir en avant-première mondiale, le documentaire de Pascal-Alex Vincent sur la légende de l’animation japonaise Satoshi Kon.

Mangaka et réalisateur de quatre films devenus immédiatement cultes (Perfect Blue, Millennium Actress, Tokyo Godfathers, et Paprika), il a été fauché au tout début de sa carrière pourtant très prometteuse en 2010. Pour un festival qui a toujours autant de difficultés à donner sa juste place à l’animation (cette édition ne dément pas ce constat), la présence de ce documentaire est très signifiante. Le réalisateur n’a d’ailleurs pas manqué de souligner le caractère inédit de la projection à Cannes, des images du réalisateur japonais.

La reconnaissance de ses pairs

Les intervenants questionnés par Pascal-Alex Vincent sont tantôt producteurs, tantôt animateurs, tantôt d’autres réalisateurs avec lesquels il a travaillé ou qu’il a inspirés. Si une constante se lit à travers les différents retours, c’est l’admiration de tous ces artisans de l’animation et du cinéma pour Satoshi Kon.

On découvre ainsi qu’il a inspiré de très grands noms comme Darren Aronofsky (Requiem for a dream), Marc Caro (La Cité des enfants perdus), Rodney Rothman (Spider-Man : New Generation) ou Jérémy Clapin (J’ai perdu mon corps). Aucun ne tarit d’éloges à propos de l’œuvre du réalisateur. C’est un visionnaire qui allait au-delà des codes de l’animation japonaise qui avaient cours jusqu’alors. Il a su définir en quelques films une “patte Satoshi Kon” si singulière. Ses œuvres s’absolvent du médium de l’animation, en proposant une mise en scène et une réalisation entreprenantes et précurseurs. Satoshi Kon s’est par ailleurs particulièrement illustré dans son dernier long métrage Paprika, adaptation d’un roman japonais réputé inadaptable.

Une personnalité ambivalente

C’est un grand poncif, les génies sont difficiles. Satoshi Kon ne déroge pas vraiment à la règle, malgré un côté attachant que toutes et tous s’accordent à lui attribuer. En effet, c’est un “sale type”, tous ses collaborateurs (chacun avec ses propres mots) ont été obligés de l’admettre. 

Très sûr de ce qu’il voulait et très exigeant, il ne mâchait pas ses mots et parlait avec une grande franchise. Un trait de caractère assez peu commun au Japon, où le tatemae (très grande politesse dont les Japonais font preuve dans leurs relations publiques, ndlr.) est toujours très implanté, notamment au travail. Sa personnalité lui a également valu des déconvenues dans ses collaborations. On citera entre autres le manga inachevé qu’il écrivait avec Mamoru Oshii (Seraphim) ou le refus du compositeur de Paprika de participer à son prochain film The dreaming machine (qui ne verra finalement jamais le jour).

Son engagement pour l’industrie de l’animation

Au-delà de son caractère assez particulier, Satoshi Kon était un grand défenseur des travailleurs de l’animation. On peut ainsi trouver dans Perfect Blue tout un discours sur les conditions de travail des idoles japonaises et les dérives de ce milieu. Mais on peut entre autres y lire un parallèle avec le milieu de l’animation au Japon. Après tout, Satoshi Kon avait raconté à une animatrice avec qui il travaillait, que le personnage principal était une représentation de lui-même.

Son engagement n’est d’ailleurs pas resté purement symbolique puisque pendant la production de ses films Satoshi Kon s’évertuait à payer ses animateurs à un prix décent. Une volonté qui ne va évidemment pas sans problématiques financières (Kon ayant déjà des difficultés à faire produire ses films sachant le petit succès qu’avaient ses œuvres auprès du grand public).

Le film aura une sortie événement en France puis une diffusion sur OCS à partir du 4 août (le documentaire étant estampillé OCS Signature). On vous encourage fortement à sauter sur l’occasion pour voir ce documentaire. Mais aussi et surtout, on vous encourage à aller découvrir les films et série de Satoshi Kon dès que vous le pouvez. L’occasion de découvrir ou de redécouvrir son œuvre !

Tokyo Godfathers, Satoshi Kon (2003)

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